Droits humains

Replacer l’éthique au centre de nos vies

By novembre 5, 2019No Comments

OPINIONS

Ce texte est une opinion de Benoit Lhoest, enseignant, traducteur et citoyen engagé. Attaché à la défense des droits humains et à « ce qui est Juste », c’est un cri du cœur dont il livre aujourd’hui les battements littéraires.

 

Au cours des derniers mois, j’ai vu le Président des Etats-Unis faire retirer les drapeaux LGBT de ses ambassades, le Sultan de Brunei proposer la lapidation les homosexuels et un parti ouvertement homophobe réunir un sacré paquet de sièges dans mon pays en proie, plus que jamais, au racisme décomplexé et à la division entre communautés.

Benoit Lhoest, enseignant, traducteur et citoyen engagé

Au cours des derniers jours, j’ai lu que 150 millions d’enfants continuaient à travailler dans le monde et que beaucoup des produits bon marché que nous achetons à la deuxième économie planétaire proviennent de camps de « rééducation ». J’ai aussi lu que, l’an dernier, notre atmosphère avait atteint son niveau de concentration le plus élevé en gaz à effet de serre depuis 200 millions d’années et que les indiens mouraient de chaud tandis que les banquises fondaient à une vitesse jamais enregistrée jusqu’ici.

Hier, à la plaine de jeu, mon fils s’est fait traiter de sale noir par d’autres enfants sans que leurs parents réagissent ou fassent mine d’avoir entendu.

C’est peu dire que les idéaux d’après-guerre sont morts, les Droits Humains bafoués partout et l’idée de Progrès à réinventer intégralement.

Au cœur d’une mondialisation anarchique où la robotisation et le capitalisme financier sauvage ont rebattu les cartes, voire changé à jamais les règles du jeu, la confusion intellectuelle est absolue et l’individualisme exacerbé résonne davantage comme un pis-aller aquoiboniste que comme un choix délibérément cynique.

La postmodernité – où ne pas chercher à savoir devient une sorte de refuge – repose sur un relativisme triste, désabusé, frileux et impuissant.

Pour refonder collectivement quelque chose, pour retrouver la foi qui soulève des montagnes, rallumer une certaine fierté, ressusciter l’espoir qu’il ne soit pas trop tard, il est probable que la seule solution, la plus incroyablement simple, révolutionnaire et exigeante à la fois consistera juste à replacer l’éthique au centre de nos vies et du débat public.

Quand les simples questions : « Est-ce que c’est bien ? », « Est-ce que je fais à l’autre ce que je voudrais que chaque autre me fasse ? » redeviendront centrales, urgentes et absolues, il est infiniment probable, malgré la complexité des choses, qu’il sera à nouveau possible de penser librement, d’éduquer sainement et d’agir sur le monde (s’il reste habitable pour notre espèce).

Est-ce que c’est bien d’acheter ses vêtements dans des chaînes discount quand on sait que les personnes (souvent mineures) qui les produisent à l’autre bout du monde gagnent moins de 50 euros par mois et que les vendeuses qui nous les scannent et nous les emballent ici travaillent 6 jours par semaine pour moins de deux fois le montant du loyer de leur petit logement ?

Est-ce que c’est bien de signer des accords commerciaux qui favorisent l’agriculture extensive et les produits alimentaires pourris de pesticides alors que les paysans, partout sur le globe, se trouvent au bord de la misère et que la santé publique est ce qui coûte le plus cher aux collectivités ?

Et sommes-nous si sûrs qu’en posant tant de choix immoraux et absurdes à longueur d’année, nous renforçons notre sécurité et créons une économie durable alors même que la CEE reconnaît une fraude fiscale annuelle de 1.000 milliards d’euros, 2.000 par citoyen européen, 60 mois de salaire d’un ouvrier bengali ?

La morale n’a pas de couleur, pas de langue, pas de religion : elle est juste notre dignité.

Si nous voulons une paix et une prospérité qui durent, commençons chacun et tous par être justes et bons dans nos actions personnelles et collectives.

Le reste nous sera donné par surcroît.

Benoit Lhoest

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L’auteur : Benoit Lhoest (54 ans) est licencié en philologie romane et hispanique, enseignant au Collège Saint Barthélemy à Liège (Français-Espagnol) et associé gérant de Web-Refer SPRL (Traductions et Services de Bureau). Père de 3 enfants, il a été Conseiller Communal à Herstal entre 1988 et 2006, puis représentant de la Région Wallonne à la Société Régionale du Logement de Herstal jusqu’en 2012. Il est membre d’Amnesty International depuis plus de 30 ans et, depuis 2018, il anime Vert Ardent, Mouvement Eco Citoyen à Liège. Ses loisirs sont la musique (jazz), la lecture, la cuisine, l’écriture et la randonnée.

Il a, entre autres, publié un recueil de poèmes (Cardiogramme) en 1983 et un ouvrage historique sur la condition de la femme en Europe à la Renaissance (L’Amour Enfermé) en 1989.

Cliquez ici pour accéder à son blog : Le blog de Benoît Lhoest

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